Les pays producteurs de café : l’Afrique

En Afrique comme ailleurs, lorsque le café ne poussait pas de façon naturelle dans les colonies, leurs cultures étaient fortement encouragées. De cette façon, une très grande partie du café produit en Afrique occidentale (qui composait l’empire français) est le Robusta.

Du fait de ses anciennes conquêtes, en France nous buvons encore beaucoup de café Robustas tandis que les colonies britanniques à la fin au XIXe siècle et après la Première Guerre mondiale se concentraient essentiellement en une région productrice en Arabica : l’Afrique orientale. Le café principalement consommé en Angleterre était alors l’Arabica.

Les pays d’Afrique producteurs de café

L’Afrique est le berceau du café et est producteur de certains des meilleurs cafés du monde. Malheureusement, les problèmes sociaux, politiques et économiques peuvent entraver son développement.

Afrique du Sud

L’Afrique du Sud a pendant longtemps été un pays producteur d’Arabica de qualité. Les plants de café sont issus des boutures de Bourbon et de Blue Mountains, originaires du Kenya. La région productrice en Afrique du Sud est essentiellement celle de Kwazulu-Natal qui est, avec le sud du Brésil d’un des seuls territoires qui cultive du café en dehors des ceintures tropicales.

Le café produit en Afrique du Sud est encore très peu exporté. L’un des facteurs principaux est la population : le pays est très peuplé et leurs récoltes ne sont pas suffisantes les obligeant à importer du café. Un autre facteur est que la constitution des plants de café est encore fragile.

Angola

Les premiers plants de café ont été importés au XVIIIe siècle par les colons portugais dans ce qui est aujourd’hui la République populaire d’Angola. Le pays est principalement producteur de café Robusta et d’Arabica. Leurs récoltes sont essentiellement traitées par voie sèche.

Bien que le café Robusta est généralement considéré comme un café de moins bonne facture que les autres, celui d’Angola (Ambriz et Amboin) a une qualité très supérieure aux tiers. Les fèves sont de tailles et couleurs uniformes. Le Robusta d’Angola est cultivé sur des caféiers ombragés des plaines du Nord, à proximité du delta du Congo.

L’Arabica est quant à lui récolté dans le plateau intérieur à une altitude de 1800m, bénéficiant d’un climat beaucoup plus tempéré. L’Arabica sera doux, relativement neutre. Toutefois depuis la guerre civile, la production est devenue rare. Passant de 3,5 millions de sacs en 1973 à 33 000 en 1994.

Bénin

Au Bénin est cultivé du Robusta et un peu d’Arabusta ((Coffea ×arabusta) est un caféier hybride résultant de l’hybridation du caféier robusta (Coffea canephora) et de l’Arabica (Coffea arabica)). Cependant, la production est trop faible pour apparaître dans les statistiques mondiales. Malgré tout, le pays continue à exporter plus qu’il ne crée (notamment par le biais d’activité frauduleuse avec les voisins).

Burundi

Dans ce petit pays, la récolte de café est l’apport économique le plus rentable. Ils exportent la quasi-totalité de leurs productions. Ils cultivent un Arabica de bonne qualité et une importante quantité de Robsusta.

Cameroun

Bien qu’un tiers de sa récolte soit un Arabica de variété Blue Mountains, le Cameroun est un très grand producteur de Robusta. Leurs productions sont essentiellement traitées par voie humide.

Cap-vert

Colonisés par les Portugais au XVe siècle, les premiers caféiers d’Arabica ont été plantés en 1790. En raison d’une forte sécheresse, la culture du café s’est retrouvée confinée aux terres volcaniques aux plus hauts sommets. Le café produit bien que rare est essentiellement exporté au Portugal. Les habitants étant eux même amateurs de café sont obligés d’en importé, principalement depuis Angola.

République du Centrafrique

Ancienne colonie française, la République du Centrafrique continue à exporter une grande partie de ses productions en France suivie par l’Italie. Parmi le Robusta produit, nous pouvons retrouver l’ordinaire Caephora et le Robusta Nana, un café découvert à l’état sauvage par des bergers de la rivière Nana.

Comores

Situées entre la côte du Mozambique et l’île de Madagascar, quatre petites îles, Les Comores, cultivent essentiellement du Robusta. Ce café est récolté à l’ombre des bananiers et des cocotiers. La qualité des fèves n’est pas mauvaise, elles sont cueillies à la main et séchées à sec. La production reste très petite et est en partie consommée par la population locale.

Congo

Le Congo produit du café Robusta qui est classé non pas par rapport à la taille des fèves (car elles ont des tailles uniformes), mais en fonction du nombre de grains défectueux. Le top du top est l’excellent Extra Prima qui n’en possède aucun.  Globalement, c’est un café de qualité moyenne.

République démocratique du Congo

La République démocratique du Congo cultive essentiellement du café Robusta de type Marchand.

L’Arabica qui représente environ 20% de la production est bien plus intéressant. Les Caféiers sont cultivés à de hautes altitudes dans les montagnes du Kivu. La plupart des Arabicas récoltés ont une belle couleur bleu vif / bleu vert d’aspect homogène. Les meilleurs cafés Arabica des montagnes du Kivu se décrivent comme des cafés fins, parfaitement équilibrés, avec du corps et de l’acidité.

Malheureusement, la production de cet Arabica est en déclin depuis quelques années. Les grandes plantations sont mal entretenues, les meilleurs cafés se trouvent dans des régions extrêmement reculées qui sont confrontées  des conflits tribaux et la trachéomycose. Ils doivent être transportés à la frontière orientale via plusieurs pays, avant de pouvoir être exportés des ports de l’océan Indien. Les cafés Arabica Kivu sont donc très rares.

En 2014 l’ONG belge VECO a démarré un programme qui vise la relance de la filière café arabica au Congo. Ce projet est sponsorisé par l’Organisation internationale du Café, et financé par le Fonds Commun pour les produits de base, une institution financière intergouvernementale établie dans le cadre des Nations Unies (source).

Côte d’Ivoire

Beaucoup plus stable politiquement et disposant d’une aide monétaire et militaire (passive) de la France, la Côte d’Ivoire se classe généralement à la deuxième place des producteurs de café d’Afrique. En Côte d’Ivoire est récolté un Robusta de qualité moyenne qui de par la constance et la fiabilité de sa culture agricole le rend attractif aux yeux des fabricants de mélanges. Il est essentiellement exporté vers la France et l’Italie.

Un centre de recherche en agronomie près d’Abidjan a développé l’Arabusta : un café hybride très satisfaisant.

Éthiopie

Toutes les légendes et histoires sur le café désignent l’Éthiopie comme étant le pays d’origine du café. Le café traité par les villageois provient encore aujourd’hui de caféiers sauvages. L’Éthiopie est l’un des plus gros producteurs de café d’Afrique autant en quantité qu’en qualité, et ce, malgré une extrême pauvreté et une guerre civile qui a ravagé le pays il y a quelques années.

C’est en Éthiopie que sont produits certains des cafés les plus recherchés dans le monde. Certains cafés qui y sont produits sont naturellement faibles en caféine.

Tri du café près d’Awasa. (image Wikipédia)

Les meilleures régions productrices en café sont Simado, Kaffa, Harar et Wollega. Chacune de ces régions produit un café nature et lavé.

Généralement, les cafés non lavé sont décrits comme ayant un bouquet sauvage, qui n’est pas forcément apprécié par tous. Mais tout de même, qui peut avoir un arôme accrocheur. L’esthétique des grains de café est sans intérêts, voir repoussant. Un traitement effectué sans grand soin en est probablement la cause.

Parmi les cafés les plus réputés, nous retrouvons le Djimmah, l’Illubador, le Lekempti, le Harar (à grains longs ou à grains courts), le Limu et le Yrgacheffe. Il est déconseillé de trop torréfier ce café en raison de leurs arômes uniques et délicats. Un café trop torréfié pourrait dans ce cas dissimuler un cru de qualité inférieure. 

Gabon

Le Gabon est une ancienne colonie française qui produit essentiellement du Robusta neutre. Une grande partie de sa récolte est vendue à la France. Il est intéressant de noter que comme le Gabon exporte plus de café que ce qu’il peut produire, probablement les pays voisins introduisent clandestinement du café au Gabon.

Ghana

Le Ghana est un producteur très important de cacao (économiquement plus intéressant que le café). Toutefois, dans les régions non adaptées à la culture du cacao, le gouvernement encourage de cultiver des caféiers. Le Ghana récolte du Robusta ordinaire qui est essentiellement acheté par l’Angleterre, l’Allemagne et les pays bas.

Guinée

L’Arabica de Tonkin a été introduit en 1895 par les Français. Cependant le climat de ce pays n’est pas vraiment adapté à la culture de l’Arabica. Le pays récolte un bon Robusta « neutre » à l’ombre des forêts.

Malheureusement, 25 ans de régime autoritaire, des rivalités ethniques, une dette mondiale ne favorisent pas le rétablissement d’un marché stable.

Guinée-Équatoriale

On y cultive du Robusta, du Liberica et aussi un peu d’Arabica. Malheureusement, après l’indépendance du pays en 1968 (après presque 2 siècles de domination espagnole) suivit une dictature. Aujourd’hui le pays se remet petit à petit de ces années noires et cherche à rétablir sa production de cacao et de café.

Kenya

Le Kenya produit un café Arabica de bonne essence. L’Arabica lavé d’altitude du Kenya arrive même en tête des Arabicas mondiaux. L’industrie kenyane est soumise à des stricts contrôles de qualité par le Comité kenyan du café. Ce comité conditionne chaque sac et mélange parfois des cafés de différentes plantations sous le label « House Blend ». Les sacs marqués « AA » sont d’inhérence supérieure et très recherchée des amateurs.

Le café kenyan est réputé pour son goût mordant, fruité, citronné ou d’agrumes (dû à sa forte acidité). Ce sont des arômes que l’on retrouve sur les différents label : le AA, le AB ou encore le coûteux caracolis kenyans.

Liberia

Malgré sa qualité médiocre, le Robusta produit en Liberia était utilisable. Les États Unis étaient son principal acheteur.

Madagascar

Madagascar est un producteur de Robusta (récolté essentiellement sur les versants du littoral oriental) et d’Arabica (plateau central). Le café malgache est en grande partie exporté vers la France. Globalement, le café cultivé à Madagascar est de bonne qualité.

Malawi

Producteur d’un excellent Arabica, ce dernier est principalement cultivé dans des petites exploitations et traité sur les hauts plateaux. La récolte est encore trop faible pour une exportation mondiale et c’est bien dommage, car il a une qualité proche d’un café kenyan moyen.

Mozambique

Lors de l’époque des colonies, le Portugal utilisa le Mozambique pour y cultiver le thé (réservant le café pour l’Angola). En conséquence, l’Arabica (de la variété Blue Mountains) et le Racemosa sauvage, qui y sont récoltés répondent uniquement à la demande locale.

Nigeria

La production de Robusta nigérian est de qualité médiocre et irrégulière. Malgré tout, l’Angleterre reste acheteuse.

Ouganda

La stabilité politique (depuis 1986) de ce pays a participé à la fin des tensions ethniques. Cette stabilité a fortement contribué à la production du café, essentiellement du Robusta et un excellent Arabica lavé (cultivé en grande partie dans la région du Bugisu, proche du Kenya).

La Réunion

Aquarelle de Jean-Joseph Patu de Rosemont représentant une plantation de café à l’île Bourbon.

L’époque où la culture du café était obligatoire pour tout citoyen libre, où la destruction d’un caféier était passible de mort et où la monnaie d’échange était le café est aujourd’hui révolue. L’Île Bourbon (c’est ainsi que s’appelait l’île de la Réunion) donna son nom à la variété la plus ancienne et la meilleure d’Arabica : le café Bourbon.

Le café Bourbon est un café que l’on croyait complètement disparu. Dans les années 2000 quelques arbres ont été retrouvés par des passionnés et sont aujourd’hui cultivés. Ils produisent le café le plus cher du monde, un café qui peut dépasser les 2000 € le Kg. Pour plus d’informations sur cette histoire, je vous invite à consulter mon article suivant.

C’est à partir de deux caféiers réunionnais rapportés du Yémen en 1715 que proviennent la plupart des plantations du monde.

Rwanda

Le café est la principale source de revenus du pays. Malgré les guerres passées et les nuisibles, la production est en hausse. L’Arabica récolté est généralement de bonne qualité, mais à cause des sols extrêmement riches, des pluies abondantes, du soleil, l’Arabica a une croissance rapide. Cela donne un goût caractéristique à ce café : une saveur herbeuse sauf pour les cafés supérieurs.

Sainte-Hélène

Annexée par la Compagnie anglaise des Indes orientales en 1659, la production du café débuta en 1732. Cependant, la culture fut abandonnée. Par la suite et en 1980, un torréfacteur entreprenant réhabilita une petite industrie caféière. Le café cultivé est biologique, de qualité et traité à la main avec des arômes acide et bien équilibré. Son café sera probablement reconnu dans les années à venir.

São Tomé e Principe

São Tomé e Principe produit de l’Arabica cultivé dans le riche sol volcanique. Le café est de qualité et est assez prisé. Le pays cherche à étendre ses exportations.

Sierra Leone

Le pays produisait jusqu’en 1985 un Robusta qui comptait parmi les meilleurs cafés à mélanger d’Afrique en raison de sa qualité et de sa neutralité en tasse. Cependant par la suite le pays a été décimé par des coups d’État et la guerre.

Soudan

Le Soudan dispose d’un grand nombre d’Arabicas sauvages qui ont été amenés par des animaux d’Éthiopie. Plusieurs ébauches ont démarré pour essayer de cultiver cet excellent Arabica. Cependant, la guerre civile, la sécheresse, la maladie et la famine ont été un frein à cet ensemble de projets.

Tanzanie

La Tanzanie est producteur d’un excellent Arabica lavé qui rappelle le café Kenyan même si son acidité est moins intense et l’impression générale est celle d’un café plus doux et léger. Il est important de préciser que le café tanzanien n’est pas aussi constant en qualité que le café kenyan.

Togo

Le pays a beaucoup encouragé la production de Robusta : un Robusta ordinaire, constant, bien calibré et neutre. Malgré la taille de ce pays, l’exportation est importante (vers la France et les Pays-Bas). La bonne qualité du réseau routier et le fait que la capitale dispose d’un port contribuent beaucoup à faciliter son exportation.

Yémen

Les Romains appelaient le Yémen « Arabia Felix » et c’est cette dénomination qui a ensuite donné son nom au café Arabica, café qui par la suite a été introduit dans le reste du monde. Il ressemble au café de son voisin, le café éthiopien : le Moka.

Les Mokas éthiopiens sont généralement moins chers, car moins rares que les mokas yéménites. Cependant les Mokas du Yémen disposent d’arômes sauvages, faisandés, vineux, sec et délicat avec parfois des notes de chocolat.

Zambie

La Zambie produit un Arabica dont le goût est proche des autres Arabicas d’Afrique de l’est. Il rappelle notamment le café de Tanzanie.

Zimbabwe

Producteur d’un bon Arabica, il n’est peut être pas aussi réputé que celui du Kenya, mais il partage beaucoup de ses caractéristiques. Généralement il est dépourvu d’arrière-goût et possède une acidité fruitée ainsi qu’un honnête arôme. Parfois, il se distingue de du café kenyan par ses notes poivrées.

Les autres pays producteurs de café

Pour découvrir les pays producteurs de café dans les autres continents : Amérique centrale et Antilles, en Amérique du Sud, en Pacifique Sud et Asie du Sud Est je vous invite à cliquer sur les liens correspondants. Ou alors, retournez au sommaire général

Par Thomas Garcia

Mon intérêt particulier pour le bon café m'est apparu au cours d'un long séjour en Amérique du nord. Ne trouvant pas le café américain bon, j'ai fini par m'acheter une machine à café qui de fil en aiguille à développé chez moi cette passion.

7 commentaires

  1. Article vraiment très intéressant. On prend conscience en le lisant que la provenance d’un café est déjà un indicatif d’une certaine qualité. Également, on prend conscience de l’économie probablement injuste organisé autour de ce produit. Quand on voit que certains pays comme par exemple en république démocratique du Congo, que certains producteurs produisent un café de qualité mais que son exportation est tellement compliquée que fatalement cela fait un café rare et donc très cher.
    On découvre aussi que nombreux sont les pays qui sont encore complémement meurtri par la guerre ou des tension ethnique.
    Article intéressant qui va m’aider à choisir mon prochain café en fonction de sa provenance :). Merci

    1. Bonjour Tommy,
      Effectivement, cette réalité est vraiment problématique. Cependant dans plusieurs pays d’Afrique les choses commencent à évoluer. Plusieurs pays ont des gouvernements qui misent beaucoup sur le café et cherchent à en créer une économie stable. Il y a également certaines ONG qui cherchent à agir (tel que je l’ai décrit pour le Congo).
      L’important est d’avoir conscience de ces choses là.
      Je pense écrire un article exprès sur ce sujet prochainement, lorsque j’aurai terminé ma série d’articles sur les pays producteurs de café. Je verrai dans mes recherches ce qu’est exactement le commerce équitable.

  2. De mon côté ce qui m’a vraiment étonné c’est que la plupart des caféiers du monde proviennent de deux arbres qui ont été ramenés de La Réunion au Yémen en 1715.

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